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Les Cahiers du Mézenc N°37

2025

AVANT-PROPOS

Les Amis du Mézenc saluent la mémoire de notre amie Chantal Revol, qui nous a quittés après la dernière livraison de notre revue.

La seconde moitié du XIXe siècle voit la migration de peintres paysagistes, aujourd’hui célèbres, qui désertent leur atelier et la peinture académique au profit de la campagne et ses lumières. Barbizon, Pont-Aven, Giverny, Auvers-sur-Oise, par exemple, font école. Corot, Courbet, Boudin, Monet et d’autres participent à la genèse de ce genre pictural figuratif nouveau : l’Impressionnisme. En dépit de la qualité reconnue de ses paysages, le massif du Mézenc ne semble pas avoir connu de tels foyers picturaux. Pascal Palayer nous invite à une première exposition rétrospective de la production locale, qui soutient la comparaison d’avec celle des grands maîtres.

Après les maquignons, Renée Defay narre une nouvelle scène des travaux agricoles de son enfance: la fenaison, où sa mère, juchée sur son char, a, comme au théâtre, le beau rôle et tricote les langues mêlées.

Jean-Claude Mermet et Nadine Ribet s’attachent à comprendre l’apparent paradoxe d’un investissement professionnel sur du vivant-en-tant-qu’il-est-promis-à-la-mort. Quelle unité culturelle est donc au fondement des pratiques d’élevage, d’abattage et de consommation alimentaire des éleveurs du Mézenc qui ont préservé une tradition d’engraissement hivernal à base de foin ? En quoi ces trois ordres de pratiques font système ? Quelle est la bonne distance entre l’homme et la bête quand il s’agit de soigner pour la mort ? Cet article fait suite à une communication présentée au colloque de l’association des ruralistes français tenu à Rambouillet en 1998 et consacré au thème : «Éleveurs et animaux domestiques ». Restée inédite, la communication, présentée par Jean-Claude Mermet, sociologue, Nadine Ribet, ethnologue, et Anne-Marie Martin, cinéaste, devait s’inscrire dans les actes de ce colloque, finalement demeuré sans publication.

Parmi les actes notariés anciens, il en existe une catégorie peu connue, celle des « sommaires apprises ». Cet ancien terme juridique désignait l’estimation d’un fonds individuel pour en connaître la valeur, une sorte de document préparatoire à l’établissement d’un acte : contrat de mariage, transaction mobilière ou immobilière, travaux de construction, testament, héritage… Porté à connaissance des intéressés par un notaire royal, véritable scribe de sa communauté, cet acte avait l’avantage de se prémunir contre toutes mauvaises surprises. Michel Engles, en prenant quelques exemples, montre l’incomparable utilité de cette source pour qui se veut historien de la ruralité et de la vie quotidienne.

En juillet 1994, Jean-Claude Mermet publiait un article dans Les Cahiers du Mézenc n° 6 annonçant son intention de reconstituer la mémoire généalogique des familles de la communauté de Borée-Contagnet (communes actuelles de Borée et La Rochette). Ce projet était rendu possible grâce à l’action entreprise par la Société des Amateurs de Généalogie d’Ardèche (SAGA), qui établissait des tables récapitulatives des registres de baptêmes, sépultures et mariages des paroisses de l’ancien Vivarais, registres détenus alors par le service des Archives départementales de l’Ardèche, les mairies, les cures et quelquefois par des particuliers, comme c’était le cas pour la communauté de Borée-Contagnet. D’abord limité à la période 1672-1772, ce projet ambitieux – trop peut-être – s’étendait finalement de 1672 à la première moitié du XXe siècle. Cette extension était rendue envisageable par la progressive informatisation des données mises à la disposition des usagers par les services d’archives départementales. Le dépouillement des différentes sources recensées par l’auteur aboutit à un fichier (tableur) de 36 108 individus. Un carnet consigne continûment ses commentaires au fil de chaque source, posant ainsi les premiers jalons pour la construction d’une problématique dans une démarche qui se veut aussi pédagogique et mobilisatrice pour qui voudrait s’y associer.

La mise en route laborieuse d’un projet de Grand Site de France est l’occasion pour Jean-Jacques Léogier de réinterroger l’évolution socio-économique du massif du Mézenc. Celles et ceux qui traversent ce dernier ou qui y demeurent ont-ils le sentiment d’une réalité figée ou, au contraire, changeante. Cette évolution est-elle nouvelle ou inscrite dans le temps long ? Base traditionnelle de l’économie locale, la présence agricole a-t-elle changé ou pas ? Le tourisme est-il une véritable alternative au développement local et quid des services, apanage des bourgs et des villages ? Le réchauffement climatique a-t-il une place dans cette évolution ? L’auteur apporte quelques éléments de réponse.

Selon le Guide Michelin, relayé par Wikipédia, Mazet-Saint-Voy est la commune la plus protestante de France. Christian Maillebouis entreprend de sourcer cette affirmation, d’autant plus stupéfiante qu’elle fait remonter ce classement au début de la Réforme, au sud de la Loire, sans aucun élément tangible. Ainsi Mazet-Saint-Voy serait la commune la plus protestante de France depuis le milieu du XVIe siècle ! Cinq siècles d’histoire locale, avec comme fil d’Ariane les divisions protestantes, permettront à l’auteur de réaffirmer que le protestantisme local n’est pas monolithique et à soutenir qu’à l’aune du foisonnement cultuel, plus que de l’importance numérique des fidèles, Mazet-Saint-Voy apparaît donc, intrinsèquement, comme la commune la plus protestante de France. La zone protestante environnante qui est, certes, aux confins du Mézenc-Gerbier, mais appartient pourtant à cet espace montagnard si cher aux hommes d’en Haut des bords du Lignon, au Fin gras, et aux Cahiers du Mézenc… Le massif du Lisieux a des difficultés à s’arrimer à la réflexion sur le Mézenc-Gerbier. Nous n’allons pas ici ouvrir une vaine discussion sur ces perceptions sociologiques liées à la géographie locale. L’auteur note simplement que dans son dernier article où Jean-Claude Mermet «avance quelques pistes [sur] l’esprit des lieux » des hommes d’en Haut, il s’interroge sur les attributs emblématiques de ce territoire : « Le massif Mézenc- Gerbier dispose-t-il d’un ou de plusieurs hauts lieux ? » Et de proposer avec évidence, entre autres, les sources de la Loire ou le réseau monastique ruiné. Mais ne pourrait-on pas y ajouter, avec la même pertinence, l’originalité vellave de Mazet-Saint-Voy (plus généralement la zone protestante environnante) ?

Sous le règne de Louis-Philippe, le protestantisme connaît déjà dans nos montagnes ses premières divisions qui se manifestent par la création d’églises dites « libres » au sein de l’Église réformée, ainsi que par l’apparition du « Méthodisme ». Les persécutions endurées avant la Révolution française avaient chassé les protestants des bourgs et des villes et les avaient souvent contraints à se réfugier dans les nombreux écarts d’un massif à l’habitat dispersé. Cette dispersion rendait le travail pastoral et le suivi des paroissiens isolés beaucoup plus difficiles face à des prédicateurs qui ne cherchaient qu’à soustraire les paroissiens les plus fervents à l’Église réformée. Pour enrayer cette dissidence, un Comité pour les protestants disséminés va missionner un jeune pasteur, François David Delétra, qui va arpenter pendant six mois le massif du Mézenc, en tenant un journal de bord un peu à la manière de Robert Louis Stevenson. Jean-Marc Gardès nous le donne à lire.

Paul Vidal de la Blache (1845-1918) est, selon Jean-Marc Ghitti, un grand nom dans l’histoire des sciences de la Terre. On le connaît comme l’auteur des cartes que longtemps les maîtres et professeurs affichaient dans toutes les classes de France. Par ses livres, par la fondation de la revue des Annales de la géographie, il a largement contribué à faire des études géographiques une discipline universitaire à prétention scientifique, puis une discipline scolaire ayant eu un grand rôle dans la formation de la nation. Il a orienté les travaux de nombreux géographes, qui seront ses disciples, et il peut être tenu pour le fondateur de l’École française de géographie, courant que beaucoup aujourd’hui trouvent désuet et dépassé, mais que nous trouvons au contraire plein d’intérêt pour le tournant écologique que nous devons prendre. Quel regard Vidal de la Blache a pu porter sur le Mézenc et quels furent ses liens avec le Velay ?

Le monde du premier versant du Mézenc auquel Jean-Paul Rogues se confronte est un monde animé de minéraux et de météores. De météores qui ont la volonté de mettre à l’écart les hommes reconnaissables à la seule lueur de leurs phares. Une brume triste devient neige qui interdit tout passage. Des cascades improvisées s’élancent dans le vide des Boutières, des nuages s’accrochent aux pierres en ombrant leur chaos. Vivre là paraissait impossible à des hommes désormais immobiles dans l’attente d’un désert d’humanité. Cette montagne toute humide, il faudrait pouvoir l’embrasser. Que se passe-t-il sur l’autre versant, à vous de le lire !

De l’Authentique à la Véritable, la Loire ne manque ni de sources ni de ruisseaux d’escorte. Robert Farlaz entend arbitrer en géographe entre toutes ces prétentions au plus long cours, à commencer par les deux qui s’en prévalent : la Loire et l’Aigue Nègre. Quels critères retenir pour cette première mise en ordre cartographique ? Ainsi, la longueur des deux cours et des thalwegs, jusqu’à Ligeret ; comparaison aussi des surfaces des deux bassins de collecte, dont les limites sont arrêtées arbitrairement à la courbe de niveau de 1400 mètres, correspondant à la hauteur moyenne globale de sortie des sources. Le plateau du Gerbier, avec Les Coux sur une surface d’environ 528 ha, tandis que celui de la Lauzière s’étire du Rocher des Pradoux jusqu’au Sépoux, avec les sucs de Montfol et de Taupernas, pour une superficie de 914 hectares. L’étendue occupée par ce domaine rend anecdotique la naissance de la Loire au Gerbier. On peut, dès lors, être étonné de la petite surface du site classé mis en place sur le seul mont Gerbier, étant donné l’importance réelle des territoires directement concernés par la ressource en eau de la Loire. Le territoire des sources chevauche, au nord, près de la chartreuse de Bonnefoy, le site classé du Mézenc. Pourquoi ne pas étendre cette protection à l’ensemble de ce territoire et pas seulement au mont Mézenc et au suc du Gerbier ?

L’auteur, Hélène Artaud, a entrepris de dresser la liste exhaustive des multiples acceptions et graphies du mot « Chartreuse – chartreuse » tout en racontant l’histoire de cette polysémie. Pour nos contemporains, la « chartreuse » nom propre ou nom commun, c’est un massif alpin, une liqueur à base de plantes, une préparation culinaire faite de légumes, une couleur, le vert « chartreuse », une pâtisserie, un monastère dit de Bonnefoi, situé dans le massif du Mézenc, un village, une prairie retournée, un pâturage d’altitude, un toponyme inventé par Raoul Blanchard, célèbre géographe qui nomma et décrit chaque massif des Alpes et des Préalpes et les fit ainsi exister.

La soupe au chou du 4 août 1989 des Amis du Mézenc se voulait être, paraît-il, une commémoration de la Nuit du 4 août 1789, à l’occasion du bicentenaire de l’abolition des privilèges, moment fort de la Révolution française. Notre diseur de sornettes habituel conteste cette filiation. Cette fameuse soupe au chou inaugurale devait se tenir selon lui le 3 août 1989. Il avance même y avoir joué un rôle décisif. Décidément conte et racontar sont frères jumeaux !

Les deux dernières décennies du XXe siècle voient un regain d’intérêt pour les études locales autour du massif du Mézenc relevant de diverses disciplines, telles la géologie, l’histoire, la généalogie, l’architecture vernaculaire, la linguistique et se traduisant par la création de nombreuses associations sur le modèle de la société savante et se donnant des périmètres de compétence et d’action variés : le département (l’Ardèche, la Haute-Loire), le plateau ardéchois, le massif du Mézenc. Louis Merchat, qui fut au cœur de ce mouvement et de l’association Lou Espelis d’Amoundaou (1989-2023), apporte ici son témoignage à propos de leur action dans la défense de la langue occitane.

À tous, bonne lecture !

SOMMAIRE


Les Amis du Mézenc
Hommage à Chantal Revol

Pascal PALAYER
Le massif du Mézenc à travers la peinture

Renée DEFAY
Le théâtre de ma mère

Jean-Claude MERMET
L’éleveur, l’animal, la bête ou comment peut-on tuer et manger son élève ?
À propos des bovins Fin Gras dans le massif du Mézenc

Michel ENGLES
Vivre, bâtir, mourir parmi les siens au travers de sommaires-apprises

Jean-Claude MERMET
Essai de reconstitution d’une population. Les paroisses et communes de Borée et La Rochette
Carnet d’une recherche en cours

Jean-Jacques LÉOGIER
D’hier à demain ?

Christian MAILLEBOUIS
Mazet-Saint-Voy – Commune la plus protestante de France ?

Jean-Marc GARDÈS
Courses au Mézenc et dans ses environs, avec le jeune pasteur suisse
François David Delétra, en 1841

Jean-Marc GHITTI
Le Mézenc sous le regard géographique : Vidal de la Blache et le Velay

Jean-Paul ROGUES
Deux versants

Robert FALARZ
La Loire : les racines du fleuve vues par les cartes IGN

Hélène ARTAUD
Chartreuse, vous avez dit Chartreuse ?

Jean-Claude MERMET
Le théorème du pain rassis ou la valeur des choses

Louis MERCHAT
L’association Lous Espelis d’Amoudaou (1989-2023)

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